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Le Grand Marais

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Il est un lieu que peu de gens connaissent. Les indigènes eux-mêmes ouvrent de grands yeux lorsque je leur demande la direction du Grand Marais (car par ici, le Grand Marais s’appelle le grand plan d’eau).

Il faut admettre que les petits chemins qui s’enfoncent dans la forêt en direction des étangs paraissent impénétrables depuis la route. Quelques panneaux explicatifs indiquent la présence d’un point d’eau non loin de là, mais encore faut-il s’attarder à les lire pour en découvrir l’existence !

 

Niché au pied de la colline de Chiètres, l’endroit est une réserve naturelle depuis 1955. Le marais de Bex fut découvert par Martial Pot à la fin des années 1970. Toute une histoire entoure le Grand Marais, constitué à présent d’étangs, de roselières, de bosquets et d’îlots. Il existait à l’époque un Petit Marais qui fut asséché et donné à l’agriculture. Quelques années plus tard, le Grand Marais, vestige de la Plaine du Rhône dans cette zone fréquemment inondée et marécageuse, fut envahi par la végétation et les plans d’eau ne purent persister. Le Grand Marais fut alors recreusé, afin que la faune et la flore puissent à nouveau s’installer.

 

Au bord de l’eau, je m’assieds sur le banc en bois recouvert de mousse pour entendre vivre le petit monde des étangs et de la forêt. Le soleil pénètre timidement à travers les arbres, malgré le ciel radieux de ces derniers jours d’été. Je ne distingue qu’une petite partie de l’étang tant la végétation est haute, mais il me suffit d’écouter pour imaginer ce qu’il se passe derrière les arbres. Deux foulques macroules se querellent, le battement rapide des ailes d’une libellule nymphe au col de feu s’arrête un bref instant, les grenouilles coassent, un colvert prend son envol. Le chant incessant des oiseaux me transporte loin de l’agitation du monde. Les étangs se teintent de vert et de bleu au fil de la journée, les Dents du Midi, tantôt enneigées tantôt de roche selon la saison, se reflètent devant la roselière.

Je passe d’un étang à l’autre. L’endroit est enchanteur. A mon passage, une grenouille plonge dans les eaux sombres, un lézard curieux m’observe quelques instants puis disparait sous du bois mort. Une sittelle descend, tête la première, le long d’un tronc d’arbre !

 

Je me dirige vers la roselière où des volontaires de Pro Natura coupent les roseaux, action nécessaire afin que ces plantes ne colonisent pas l’espace et n’envahissent les étangs. Dans les années cinquante, les paysans taillaient les roseaux pour en faire de la paille, mais ceux-ci reprirent leur droit sur la nature lorsque les agriculteurs abandonnèrent les lieux. Tout comme les saules têtards, utilisés alors pour la vannerie devinrent gigantesques lorsque que le marais tomba dans l’oubli. Les saules sont aujourd’hui taillés et après quinze années de passion et de passionnés, le marais a retrouvé son équilibre.  Depuis 1998, le Grand Marais est un site d’importance nationale, principalement pour la reproduction des batraciens.

 

Certains étangs ne sont aujourd’hui plus accessibles au public. J’ai eu la chance de pouvoir les apercevoir au printemps dernier, saison idéale pour visiter le Grand Marais, lorsque le propriétaire des lieux m’a informé que cette partie était à présent privée afin de préserver la faune et de la flore du grand plan d’eau.

N’hésitez pas à aller vous assoir sur le joli petit banc de bois un matin de printemps et peut-être serez-vous assez chanceux pour apercevoir le Martin Pêcheur plonger dans les eaux calmes du Grand Marais.

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