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L'Avançon, force de la nature & forces motrices

"Et au milieu coule une rivière" (Film de Robert Redford)

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Hameau de la Peuffeyre, 730m d’altitude, un matin d’automne. C’est ici que les eaux de l’Avançon de Nant et de l’Avançon d’Anzeindaz confluent pour ne former plus qu’une rivière. Juste avant le barrage des Forces Motrices, naît l’Avançon, d’une longueur de 16,3km, qui serpente à travers les forêts et le village de Bex jusqu’à la rive droite du Rhône, vers Massongex. Les eaux sont calmes en automne. Difficile d’imaginer que ces deux petites rivières sont celles qui se déchaînent plus haut dans la vallée à la sortie de l’hiver ! L’Avançon d’Anzeindaz, la branche principale, prend sa source dans la région du Mont Bellaluex. Elle reçoit les eaux des Diablerets, puis descend en direction de Gryon. L’Avançon de Nant prend sa source au pied du glacier des Martinets et reçoit les eaux de l’Ivouette à Frenière-sur-Bex. Au-delà du barrage, les gorges accueillent les eaux torrentielles de l’Avançon dans un spectacle grandiose et sombre ! Rares sont les rayons du soleil qui pénètrent ici-bas.

Ce jour, je suis accompagnée par Eric, responsable production et comptage aux Forces Motrices de l’Avançon. Passionné d’histoire, il me raconte la région, son passé, sa rivière. Je suis fascinée par son incroyable savoir ! Posté au milieu du barrage, Eric m’explique les vannes, les dessableurs, l’échelle à poissons, le débit, les vidanges et les purges ! Tant de choses qu’il me faut voir pour les comprendre ! Dans le petit local, Fabrice et Didier, tous deux électriciens spécialisés, veillent au bon fonctionnement du barrage. Des dizaines de robinets se suivent et se ressemblent! Ces derniers sont manuels, utilisés uniquement si leurs doubles électroniques venaient à lâcher.

Nous nous dirigeons vers la forêt le long d’un chemin aménagé pour les Forces Motrices de l’Avançon, afin que ceux qui y travaillent puissent se rendre d’une installation à l’autre sans difficulté. Un énorme pipeline longe le chemin, se fondant dans le vert de la forêt. Sous la roche, subsiste l’ancien aqueduc, victime d’un éboulement au siècle dernier. Nous arrivons près d’une porte dans la roche. Une galerie longue de 150m mène à une chambre souterraine où l’eau file à grande vitesse en direction de La Vignasse, à la chambre de mise en charge. Un vieux charriot rouillé au bout d’un rail abandonné témoigne du dur labeur des ouvriers qui ont extrait les matériaux de la montagne. En route vers La Vignasse, d’étranges structures bordent le chemin. Ce sont des cheminées qui permettent d’accélérer le débit d’eau dans les canaux souterrains, l’air aspirant l’eau.

La Vignasse. C’est ici, à 719m d’altitude que l’eau est mise en charge pour être turbinée à l’usine de Sublin en contre-bas, à 551m. Plus la chute d’eau est haute, plus le nombre de bars est élevé. 160m séparent les deux installations, ce qui représente ici une pression de 16 bars. Cette pression est ensuite transformée en électricité qui sera utilisée pour alimenter les villes et villages environnants.

Les machines de l’usine de Sublin ronronnent 24h/24 pour le confort de la population. Une immense baie vitrée laisse apercevoir la machinerie colorée lorsque l’on se promène le long de la rivière. Si les ordinateurs ont aujourd’hui remplacé les panneaux de commandes manuelles, une petite partie de ces derniers sont utilisés lors d’entretiens spécifiques.

Fondées en 1896, les Forces Motrices de l’Avançon furent avant tout créée pour faire monter le BVB (Bex Villars Bretaye), l’un des premiers trains à crémaillère électrique. Ce sont également les Forces Motrices de l’Avançon qui débutent le projet de turbinage de l’eau potable en 1903. Sa mise en service sera réalisée en 1910. Les Forces furent d’ailleurs pendant un temps appelées « Le Laboratoire » pour leurs expériences et leurs prouesses techniques !

Après avoir chaleureusement remercié Eric et l’équipe présente ce jour, je longe les gorges à la recherche d’un passage vers l’eau. Mais la rivière est capricieuse et il ne faudrait pas se faire prendre dans ses méandres. Ou pire encore, par une montée d’eau soudaine due à l’ouverture des vannes qui peut arriver à tout moment, si l’amont du barrage est encombré ! Je décide donc d’y envoyer mon drone et je découvre avec émerveillement des vues inégalables à pied !

Je quitte l’Avançon avec regret, car ses berges sont si belles que l’on pourrait y passer la journée entière ! Une énergie folle m’envahit, une énergie primitive, celle de la nature, de sa puissance et de ses bienfaits.

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